Terrain du Louroux-Béconnais – Focus

Introduction

Acquérir un terrain pour créer une zone sanctuaire dédiée à la biodiversité, ce n’est pas simplement un acte d’achat suivi d’un autre acte, celui de planter des arbres. Un espace « ouvert » comme un champ ou une pâture laissé libre de toute intervention humaine a la capacité de se « refermer » si on lui laisse le temps. En général, en quelques décennies, les arbres viennent recoloniser le lieu naturellement.
Nous pourrions laisser faire la nature, car elle sait très bien le faire. Nous avons cependant une intention. Par les plantations citoyennes que nous organisons, nous avons à cœur de recréer du lien entre l’Homme et le Vivant pour une simple raison : on protège mieux ce que l’on connaît.
L’autre raison est qu’en raison du dérèglement climatique, il est difficile de prévoir quelles essences vont, à terme, s’adapter aux nouvelles conditions. Par la plantation de dizaines d’essences indigènes, nous augmentons la biodiversité végétale, et espérons donner un surplus de résilience à ces espaces.
Aujourd’hui, nous mixons sur un même terrain des plantations citoyennes (haies et bosquets) et libre évolution pour laisser le Vivant retrouver ses dynamiques libres de toutes contraintes. Nous rendons des espaces à la nature et en devenons les gardiens.
Mais avant même de planter, certaines réflexions sont à mener pour prendre en considération toutes les interactions déjà présentes dans l’environnement dans lequel nous souhaitons implanter un sanctuaire. Rappelons-le et restons humbles : nous ne créons que le cadre pour accueillir la biodiversité végétale et animale.
Ce que nous vous présentons ici n’est qu’une partie résumée du travail de recherches que nous réalisons avant toute action et prise de décision sur un terrain.

Date d’acquisition : 15 février 2024

Les relais locaux : Yohann Galisson et Stéphane Vergeylen

yohann.galisson@semeursdeforets.orgstephane.vergeylen@semeursdeforets.org

Le Louroux-Béconnais – Généralités sur le territoire

Le Louroux-Béconnais est une ancienne commune française située dans le département du Maine-et-Loire, en région Pays de la Loire, à 25km à l’ouest d’Angers. D’une altitude moyenne de 75 mètres, sur les schistes du Massif armoricain, elle appartient depuis 2016 à la commune nouvelle de Val d’Erdre-Auxence, dont elle est devenue une commune déléguée.

Le climat et la pluviométrie

Le Louroux-Béconnais possède un climat tempéré océanique sans saison sèche et à été tempéré.

La place de la forêt dans le Maine-et-Loire

En Anjou, les quatre essences de feuillus les plus fréquentes sont le chêne pédonculé, le chêne sessile, le châtaignier et le peuplier. Noisetier, frêne commun et frêne oxyphylle, érable sycomore, charme, hêtre, chêne tauzin sont aussi présents. Les résineux sont quant à eux principalement des pins maritimes, des pins laricios, pins sylvestres et douglas.

Les feuillus couvrent les 2/3 de la surface forestière. Le dernier tiers est occupé par les résineux.

La plupart des forêts d’Anjou ont pris place sur des buttes aux sols impropres au labour.

Dans la région Pays de la Loire, la forêt recouvre 351 000 ha, soit 11 % du territoire (90 % est de la forêt privée).

Dans le département du Maine-et-Loire, elle recouvre 110 000 ha, soit 15,5 % du département (90 % de la forêt est privée).

Si l’Anjou est peu boisé, il est surtout marqué par de fortes disparités. Le Baugeois est une région très verte où se concentrent les principaux massifs forestiers. La forêt-cathédrale de Chandelais est la plus connue. Le sud du Saumurois est également riche en boisements avec le massif de Fontevraud et les landes forestières de Milly.

Les essences forestières locales présentes en Maine-et-Loire

proposées par le guide de plantation du parc naturel région Loire-Anjou-Touraine.

Ajonc d’EuropeCormierFusain d’EuropePeuplier tremble
Alisier blancCornouiller mâleGenêt à balaiSaule blanc
Alisier torminalCornouiller sanguinIf communSaule marsault
AmélanchierChâtaignierHêtreSaule pourpre
Aubépine monogyneChêne pédonculéNoisetierSureau noir
Aubépine à deux stylesChêne sessileHouxTilleul à petites feuilles
Aulne glutineuxCerisier de Sainte-LucieMerisierTroène commun
Bouleau pubescentErable champêtreOrme champêtreViorne lantane
Bouleau verruqueuxErable sycomorePommier sauvageViorne obier
BourdaineFrêne communPoirier sauvageFrêne oxyphylle
Charme


Nous nous inspirons de ce qui existe déjà sur le territoire pour recréer des espaces forestiers exclusivement composés d’essences indigènes. Lors des plantations citoyennes, nous plantons principalement des « feuillus ».

Les espèces florales et arbustives invasives présentes sur le territoire à surveiller

  • l’herbe de la pampa : une plante qui transforme profondément le milieu et peut faire disparaître tout ou une partie des autres espèces.
  • la Datura officinal ou stramoine, une plante portant atteinte à la santé humaine.
  • la Jussie rampante et la Jussie à grandes feuilles : des plantes aquatiques portant atteinte à la biodiversité.
  • le Buddléia de David (arbre aux papillons) : qui s’adapte à pratiquement tous les milieux. Il est devenu invasif au point de prendre la place d’autres plantes autochtones.
  • l’Ailante : un arbre de grande hauteur qui nuit à la diversité de la flore en libérant des toxines qui empêchent les autres essences d’arbres de s’installer.
  • l’Ambroisie : une plante qui génère des allergies dues à l’inhalation des grains de pollen. Porte atteinte à la santé humaine.
  • la Renouée du Japon : une plante pionnière qui a la capacité de conquérir rapidement la terrains perturbés et qui nuit à la diversité de la flore. De plus en plus présente sur les berges des cours d’eau.
  • le Robinier faux acacia : il conquiert rapidement les sols, créant des espaces ou il est le seul présent. Il enrichit les sols en nitrates, empêchant d’autres espèces comme l’érable, l’aulne, le frêne ou le saule de s’installer.

Le terrain du Louroux-Béconnais – spécificités

Le terrain se trouve sur la commune de Val d’Erdre -Auxence (49370), sur le lieu-dit « La Gauderie », à 29km d’Angers et à environ 4,6km du centre du Louroux-Béconnais.

La France a aménagé l’intégralité de son territoire. On ne peut pas faire n’importe quoi, n’importe où. Et même planter des arbres est réglementé. Il nous faut connaître les différents zonages pour savoir ce qu’il est possible de faire ou non.

Le zonage au PLU

Les parcelles sont exclusivement en ZA (zone agricole).

Cependant, des spécificités viennent protéger certains éléments du paysage :

  • Haies bocagères protégées notamment à l’est et à l’ouest
  • Espace boisé classé au nord

Les zones de protection

Zone Natura 2000 : aucun site Natura 2000 ne se trouve sur le territoire communal.

Zone ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique). Le terrain n’est pas en zone ZNIEFF.

Zone humide : le terrain n’est pas en zone humide. Cependant, au nord, une parcelle a été répertoriée « zone humide » au PLU. Une distance de plantation est préconisée en limite de cette zone pour protéger l’écosystème présent.

Zone de débroussaillement : le terrain n’est pas dans une zone de débroussaillement.

Autres zones spécifiques : le terrain est dans une ZPPA (zones de présomption de prescription archéologique). Il s’agit d’une zone dans laquelle les projets d’aménagement affectant le sous-sol sont présumés faire l’objet de prescriptions archéologiques préalablement à leur réalisation.

Site classé : le terrain n’est pas sur une zone ou à proximité d’un site classé.

L’évolution du terrain au cours des années depuis 1950

Connaître l’espace et son évolution dans le temps est toujours pertinent pour mieux saisir ce que le terrain a vécu. Nous avons la chance d’avoir la possibilité d’accéder à des photos d’avion ou satellites depuis le début des années 1950.

Premières observations (février 2024)

Le sol a été labouré à l’excès dans le passé, et fauché en permanence. Possible semelle de labour (à environ 50cm de profondeur) ou problématique géologique. L’eau stagne en surface en cas de précipitations importantes. Au moment de creuser, un fond d’eau arrive au fond des trous d’une profondeur d’une bêche après 5 minutes environ. Le terrain est plat d’un seul tenant, clôturé et bordé à certains endroits de haies arborées.

Après premières analyses : le sol contient une bonne quantité de limon et d’argile. Les agrégats de terre ne semblent pas stables en revanche, conséquence probable du labour trop régulier.

Vues du terrain (février 2024)

Environnement du terrain

A l’ouest : une rue longe le terrain sur toute la clôture ouest (haie sur la totalité de la longueur) avec de l’autre côté de la rue, une plantation de résineux

Au nord : une parcelle boisée non exploitée, dont une petite partie est classée en zone humide

A l’est : des parcelles agricoles de grande taille en agriculture conventionnelle

Au sud : une parcelle de chênes truffiers

Existence d’un point d’eau sur la parcelle voisine au sud.

Vues autour du terrain (février 2024)

Le relevé des arbres et arbustes spontanés existants sur le terrain et alentours

(février à avril 2024)

  • Chêne pédonculé (Quercus robur) – +100 – indigène
  • Érable champêtre (Acer campestre) – +25 – indigène
  • Érable sycomore (Acer pseudoplatanus) – +10 – indigène
  • Châtaignier commun (Castanea sativa) – +50 parcelle voisine à 500m du terrain – indigène
  • Frêne commun (Fraxinus excelsior) – +3 – indigène
  • Chêne tauzin (Quercus pyrenaica) – +2 – indigène
  • Orme champêtre (Ulmus minor) – +100 dans les haies qui bordent le terrain – indigène
  • Prunellier (Prunus spinosa) – +100 dans les haies qui bordent le terrain – indigène
  • Charme commun (Carpinus betulus) – +100 dans les haies et forêts avoisinantes – indigène
  • Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica) – +100 dans les haies qui bordent le terrain – indigène
  • Aubépine monogyne (Crataegus monogyna) – +100 – indigène
  • Bouleau verruqueux (Betula pendula) – +30 parcelle voisine – indigène
  • Merisier (Prunus avium) – +10 parcelle voisine – indigène
  • Fragon petit-houx (Ruscus aculeatus) – +10 dans les haies qui bordent le terrain – indigène
  • Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum) – +10 dans les haies qui bordent le terrain – indigène
  • Houx commun (Ilex aquifolium) – +10 dans les haies qui bordent le terrain – indigène
  • Sureau noir (Sambuscus nigra) – +2 dans les haies qui bordent le terrain – indigène

Le relevé des essences sur le terrain et aux alentours permet de mieux déterminer les espèces qui se plaisent naturellement dans un endroit. Nous répertorions à la fois les espèces indigènes, mais aussi notons la présence d’invasives si elles viennent à apparaître sur le terrain. Ce sont des indications sur ce qui se passe dans le sol et ce qu’il a vécu. Notre objectif est de modéliser ce qui existe déjà, en ne conservant que les essences indigènes. Nous recoupons les relevés terrain avec la riche documentation des différents organismes d’État dédiée au territoire. Notre choix se porte ensuite sur des essences locales et adaptées au sol pour accroître la diversité végétale, avec un souci de reconstitution des étagements, de l’arbuste à l’arbre de canopée.

Les essences forestières indigènes choisies pour les plantations

27 essences

chêne sessilechêne tauzinalisier blancsureau noir
charme communnerpun purgatifhêtrebourdaine
noisetieraubépine monogynepeuplier tremblecornouiller sanguin
orme champêtreérable sycomorefrêne communtroène commun
châtaignier communbouleau verruqueuxtilleul à petites feuillesviorne lantane
chêne pédonculémerisierpommier sauvageviorne obier
érable champêtrealisier torminalpoirier sauvage

Notre projet pour le terrain

Ce terrain est situé dans une grande zone agricole largement exploitée, avec peu de bois ou de haies. Notre projet ici est de recréer sur plus de 5 hectares et en prolongement de celui boisé au nord un espace qui permettra l’accueil d’espèces comme des insectes, oiseaux, petits mammifères. Les plantations citoyennes se concentreront sur la délimitation du territoire avec l’installation de haies là où il n’y en a pas et de bosquets intérieurs pour créer des endroits d’accueil. La libre évolution viendra s’occuper du reste. Le terrain n’est pas amené, comme la majorité des autres terrains des Semeurs, à être visité ni visitable. Il sera retiré des zones de chasse.

Première plantation : novembre 2024 – 715 arbres