Le constat

Un rapide état des lieux des forêts sur le territoire français

Selon les documents de l’IGN (Institut National de l’information géographique et forestière), la superficie forestière en métropole progresse de 0,7 % par an, depuis 1980. Aujourd’hui, la forêt, en France métropolitaine, couvre 16,9 millions d’hectares, soit 31 % du territoire.

Mais, si cela paraît réjouissant aux premiers abords, les relevés montrent que 51 % des forêts en France sont de nature monospécifique et 33 % sont constituées de 2 essences. Autrement dit, 84 % de nos forêts sont formées de 2 essences ou moins.

Seulement 12 % d’entre elles en contiennent 3, et 4 % en présentent 4 et plus.

Une véritable problématique car…

Il y a aujourd’hui une politique forestière favorisant la progression des monocultures de résineux aux dépens des forêts de feuillus françaises. Les coupes rases sur certaines forêts laissent place à des « champs » de pins Douglas. Cette essence représente aujourd’hui la deuxième essence la plus plantée en France derrière le pin maritime, qui permet une production de près de 400 000 m3 de bois par an.

Les conséquences 

Ces monocultures, qui s’inspirent des modèles productivistes de l’agriculture intensive avec usage de pesticides, sont très pauvres en biodiversité. Les arbres d’une parcelle sont coupés quand ils mesurent environ 40cm de diamètre pour laisser place à une nouvelle plantation. Ces cycles, qui tournent autour d’une quarantaine d’années (un arbre peut vivre plusieurs centaines d’années), sont trop courts pour que les arbres puissent nourrir les sols, accueillir et maintenir une importante biodiversité. Sans oublier que les résineux peinent à produire de l’humus sans la complémentarité des feuillus, et que la faune comme la flore ne peuvent se développer dans le sous-couvert des plantations exclusives de résineux.

Alors que les forêts conquièrent plus d’espace sur notre territoire, cette progression n’est que le reflet de leur forte industrialisation. On plante des champs d’arbres plutôt que des forêts.

Au sein même de l’ONF (l’Office National des Forêts qui est en charge de la gestion de la forêt française publique, soit 25% du patrimoine forestier), le personnel cherche aujourd’hui à alerter l’ensemble des citoyens de ces dérives visant à transformer les forêts en usines à bois.

Actuellement, la France fait face à un défi de taille. Quatrième forêt d’Europe en espace, le pays doit importer massivement du bois chaque année. Les professionnels du secteur souhaitent doper les plantations de résineux, qui représentent aujourd’hui deux tiers des besoins industriels.

La forêt s’adapte aujourd’hui aux besoins et appétits industriels très gourmands et non plus l’inverse, entraînant un écroulement des populations animales et végétales.